samedi 22 décembre 2007

Points d'étailler de la guerre d'Espagne.


:Brigadistes polonais pour la république espagnole.
La guerre d'Espagne ou guerre civile espagnole aussi désignée par révolution espagnole, est un conflit qui opposa, en Espagne, le camp des « nationalistes » à celui des « républicains ». Elle se déroula de juillet 1936 à mars 1939 et s'acheva par la défaite des républicains et l'établissement de la dictature de Francisco Franco, qui conserva le pouvoir absolu jusqu'à sa mort en 1975.

Cette guerre fut la conséquence dramatique, sur le long terme, des malaises sociaux, économiques, culturels et politiques qui accablaient l'Espagne depuis la proclamation de la IIe République en 1931. L'exacerbation croissante entre Espagnols culmina avec les émeutes des Asturies et les destructions d'édifices religieux et les massacres de religieux catholiques dés février 1936. L'assassinat du dirrigeant politique monarchiste Calvo Sotello déclencha le soulèvement militaire et civile du camp nationaliste le 18 juillet 1936.

Le camp nationaliste se fédéra par l'union des républicains, des monarchistes et des phalanges nationalistes de José Antonio Primo de Rivera. Ces sensibilités politiques divisées aux élections du 16 février 1936 se rejoignent pour s'opposer au Front Populaire (frente popular). Ils se dénommaient eux-mêmes nacionales (« nationaux »), tandis que leurs opposants les appelaient fascistas (fascistes) ou facciosos (« factieux ») ; quand le général Franco prit leur tête, on se mit à les désigner également sous le nom de « franquistes ».

Le camp républicain se composait quant à lui de différentes forces unies contre le front nationaliste. De nombreux militants issus de diverses tendances (anarchistes, communistes, démocrates, socialistes, etc.) surnommés rojos (les « rouges ») par leurs ennemis, s'engagèrent aux côtés des forces armées loyales envers la République espagnole, certains pour défendre la démocratie parlementaire et d'autres pour tenter de constituer des formes alternatives de gouvernement.

Cette guerre prit aussi la forme, dans certains territoires sous contrôle républicain, d'une révolution sociale qui collectivisa des terres et des usines, et expérimenta notamment différentes sortes d'organisation de type socialiste (soutenues notamment par des anarchistes[1]).

Particulièrement violente, et durablement traumatisante, la guerre d'Espagne est tristement célèbre comme théâtre de multiples exactions. Elle vit en particulier les premiers bombardements militaires sur les civils, perpétrés par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste alliés de Franco, l'élimination du POUM antistalinien par le NKVD, des massacres spontanés de suspects, d'hommes d'Église ou de membres des classes moyennes et dirigeantes par des anarchistes et des communistes dans les mois qui précèdèrent la sédition militaire, tandis que le nouvel Etat nationaliste se construisait à travers la terreur et l'épuration systématiques. En particulier, les franquistes refusèrent toutes les propositions adverses de compromis et poursuivirent longuement, après leur victoire, une répression d'une rigueur et d'une durée particulièrement saisissantes [2].

Cette guerre civile fut également le théâtre des prémices de la Seconde Guerre mondiale, les futurs belligérants européens commençant à s'y affronter plus ou moins directement : l'Allemagne d'Hitler et l'Italie de Mussolini apportèrent leur soutien à Franco, tandis que l'Union soviétique de Staline vendit des armes aux républicains (tout en cherchant la prise de pouvoir au sein de la République). La France et le Royaume-Uni choisirent la non-intervention et le blocus des exportations d'armes mais laissèrent les Brigades internationales s'engager aux côtés des républicains.

La guerre d'Espagne divisa et passionna les opinions publiques du monde entier. L'engagement de nombreux intellectuels et artistes auprès des combattants, en particulier dans les Brigades internationales, a contribué à lui faire acquérir très vite une dimension légendaire qui perdure encore.
Brigadistes polonais pour la république espagnole.
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Événements militaires et politiques:


Contexte politique:


La Seconde République espagnole a été proclamée en 1931. Après les élections générales de 1933, la Confederación Española de Derechas Autónomas (CEDA), devient le premier parti en nombre d'élus des Cortes. Disposant de cette majorité relative, José María Gil-Robles le chef de la CEDA, s'attend à être appelé pour former le nouveau gouvernement mais le président de la République, Niceto Alcalá Zamora préfère faire appel à Alejandro Lerroux (radical) pour former une coalition de centre droit (le bienio negro) qui comprend sept ministres minoritaires issus des rangs de la CEDA. Une partie de la gauche menace d'appeler à l'insurrection si la CEDA forme le gouvernement. Déjà, dans divers endroits, des militants anarcho-syndicalistes accompagnés de quelques autres socialistes déclarent dans des zones restreintes comme des villages des situations de communismo libertario, et déclenchèrent une répression anti-religieuse. Ce fut notamment le cas de Casas Viejas (Cadix) en janvier 1933. La CNT a également déclenché le 8 décembre 1933 une insurrection à Saragosse. Le pays est donc déjà à moitié dans un climat révolutionnaire où les divisions politiques s'exarcèbent.

En septembre et octobre 1934, des insurrections socialistes et anarchistes ont lieu en Catalogne (qui fait brièvement sécession), à Madrid et dans les mines des Asturies. Elles sont considérées par les communistes comme une tentative de coup d'État similaire à celui d'octobre 1917 en Russie. Les édifices religieux sont détruits, les persécutions religieuses organisées. Au printemps 1934, soucieuse à cause de l'entrée prévue de la CEDA au gouvernement, démarche pourtant légale, la direction du PSOE s'oriente vers une stratégie révolutionnaire de prise du pouvoir[3]. Des soviets sont organisés dans la seule région prête, la région très ouvrière des Asturies où les socialistes avaient obtenu leurs meilleurs scores en 1933. Cette dernière insurrection est parfois appelée la « Commune espagnole » ou la « Révolution d'octobre » puisqu'elle culmina en octobre 1934 quand les mineurs ont pu contrôler un territoire de quelque 1000 km carrés autour d'Oviedo et au sud de cette ville. L'insurrection est matée dans le sang par les troupes d'Afrique commandées par Franco. L'entente entre gauche et droite semble de moins en moins possible : ces évènements polarisent les positions et la division en deux du pays.

La radicalisation (1935-1936):


Le parti socialiste et son syndicat, l'UGT, jusqu'alors modérés, changent de tactique et redeviennent révolutionnaires. S'ils se présentent encore aux élections, ils travaillent davantage dans les luttes sociales, avec les anarchistes notamment. Le contexte historique est important pour comprendre cette attitude : en 1933, Hitler venait de prendre le pouvoir légalement, or le chef de la CEDA, José Maria Gil Robles, avait multiplié les gestes pouvant donner à croire qu'il souhaitait établir une dictature fasciste [réf. nécessaire]. Socialistes et anarchistes multiplient les appels à la grève générale. En octobre 1934, les ouvriers des mines des Asturies se révoltent. En Catalogne, où le mouvement séparatiste est très fort, le président de la Generalitat catalana déclare que la Catalogne appartient à la République Fédérale Ibérique. La répression ordonnée par le gouvernement est terrible (1 000 morts, 20 000 arrestations). Désormais, un fossé de sang sépare le mouvement ouvrier du pouvoir en place.

Le centre droit au pouvoir, qui s'attache pourtant à revenir sur les réformes adoptées par la gauche entre 1931 et 1933, ne rassure pas pleinement ses partisans. Les événements des Asturies ont accru l'angoisse de voir en Espagne une révolution s'apparentant à la révolution russe de 1917. La tentation de recours à un coup de force s'étend, entretenue par l'activisme des mouvements royalistes(Carlistes) ou nouveaux (la Phalange). Les deux Espagnes sont désormais hantées par deux grandes peurs : celle de la révolution bolchevique et celle du fascisme. La courte victoire d'un Front populaire groupant l'ensemble de la gauche aux élections législatives de février 1936 est à replacer dans ce contexte.
En janvier 1936, quand José María Gil Robles demande au Président de la République de l'appeler pour former un nouveau gouvernement, le président Niceto Alcalá Zamora préfère dissoudre les Cortes.

Aux élections de février 1936, le Front national dominé par la CEDA remporte 33,2 % des suffrages et 191 sièges (+ 18 centristes) mais est devancé par le Front populaire qui avec 34,3 % des voix remporte 254 sièges aux Cortes grâce à des arrangements dénoncés par le président Niceto Alcalá Zamora et à une abstention importante (qui quoique en baisse par rapport à 1933 (90%) représente le tiers restant). À droite, on pense que cette coalition de gauche va faire une révolution, à gauche, on considère que la droite voulait établir une dictature fasciste. Il est à noter que certains anarchistes ont appelé à voter « Front populaire », ce qui constitue une des rares exceptions à leur principe d'abstention aux élections. Pour la plupart, cette attitude n'est pas due à un vote d'adhésion ou un "vote utile" mais plutôt à un vote tactique. En effet, le Front populaire a promis la libération de tous les prisonniers politiques, dont les 15.000 militants anarchistes et/ou anarcho-syndicalistes.

Le Front populaire tente de reprendre l'action du gouvernement de 1931, mais le climat est difficile. D'un côté, une partie du peuple, vivant très souvent dans des situations de grande pauvreté, met souvent en œuvre, de sa propre initiative, les réformes sociales promises par les partis du Frente popular, qui tardent à venir. De l'autre, les notables, industriels ou paysans aisés, qui n'ont que peu de confiance dans le régime républicain ou dans le parlementarisme pour maintenir l'ordre, et sont radicalement anticommunistes. Les crimes politiques se succèdent, commis par les milices ouvrières (nombreux massacres de prêtres) ou par les milices nationalistes et les représailles s'enchaînent. L'État ne maintient plus l'ordre.

Le groupe de généraux responsables du putsch était formé depuis 1933-1934, et la décision de passer à l'acte est intervenue en mars 1936. Sanjurjo, en exil au Portugal depuis son putsch raté de 1932, en était le chef, Mola l'organisateur, secondé par Cabanillas, Fanjul, Goded et Queipo de Llano. Franco connaissait dès le départ le projet, mais hésitait à s'engager. L'assassinat par des membres des forces de sécurité républicaines d'un des chefs et député de la droite monarchiste, José Calvo Sotelo le 13 juillet 1936, le décide à agir. Non sans mal, les militaires obtiennent l'appui des milices carlistes et de la Phalange.

Le complot militaire:

Dès le lendemain des élections de 1936 qui voient la victoire du Frente popular, des complots apparaissent avec les généraux Sanjurjo, Mola, Goded, Fanjul, et, moins nettement, Franco.
Le gouvernement a vent de ces conspirations mais sa seule réaction est de déplacer les hauts responsables de l'armée soupçonnés de complot loin de la capitale : Emilio Mola se retrouve muté à Pampelune, Franco aux îles Canaries. La première réunion des conjurés a lieu le 8 mars 1936 à Madrid, et l'insurrection est prévue pour le 19 ou 20 avril, sous la direction de Sanjurjo, en exil au Portugal depuis sa tentative de coup d'État ratée de 1932.

Mais Mola reste en position de force : il a été muté dans une région qui est probablement parmi les plus antirépublicaines d'Espagne et peut donc comploter à loisir. Le 5 juin 1936, il élabore un premier projet politique fondé sur la disparition de la république et sur l'unité de l'Espagne. Dès juin, les contacts se tissent entre conjurés. Le coup d'État doit être retardé car Mola a quelques soucis pour s'allier les milices carlistes de Navarre qui exigent un retour à une monarchie conservatrice.

L'assassinat de Calvo Sotelo le 13 juillet 1936 met le feu aux poudres. Les militaires décident de lancer l'offensive les 17 (au Maroc) et 18 juillet (péninsule), sans réel objectif politique autre que le renversement du pouvoir de gauche ; la forme républicaine de l'Etat n'est pas encore contestée.

L'épilogue annoncé, les préparatifs d'un putsch:


L'échec électoral de la CEDA aux élections de février 1936 avait discrédité Gil Robles au bénéfice des partisans du coup d'État. Toutefois, les gouvernements du Front populaire ont été plus modérés que ceux du premier exercice biennal et n'avaient pas inclus de ministres socialistes.
Le nouveau ministre de la Guerre, le général Carlos Masquelet, laisse ses collègues Villegas, Saliquet, Losada, Gonzalez Carrasco, Fanjul, Orgaz et Varela sans affectation et déplace Goded, Franco et Mola vers d'autres postes moins importants.
La réaction ne se fait pas attendre. Le 8 mars, les anciens généraux écartés se réunissent au domicile madrilène de Delgado Barreto, un collaborateur de Primo de Rivera. Se sachant soutenus par une base civile solide, ils décident du jour du soulèvement, le 20 avril, après avoir laissé la préparation entre les mains d'une junte présidée par Rodriguez del Barrio. Toutefois, le gouvernement découvre la conspiration et Rodriguez del Barrio, gravement malade d'un cancer, fait marche arrière.

Devant cette junte inopérante, Mola prend à sa charge la préparation du putsch, mais comme il n'est qu'un général de brigade, il se fait appuyer par l'autorité du chef de la conspiration, le lieutenant général Sanjurjo, alors exilé au Portugal, qui le laisse faire.
Mola, sous le pseudonyme de Director, étend son réseau aux garnisons, aidé par l'Union Militaire Espagnole (l'UME), une société militaire. Comme ses dirigeants ne sont que des commandants et des capitaines, ils ne peuvent pas affilier des généraux, mais par contre, un grand nombre de membres de l'état-major.

Finalement, non seulement on avait recueilli des militaires mécontents et ennemis du régime, mais aussi une paire de généraux républicains :
Le général Queipo de Llano, irrité parce que son compère Niceto Alcala Zamora vient d'être destitué et Miguel Cabanellas avec lequel ils avaient évolué vers le lerrouxisme (politique d'Alejandro Lerroux), rallient les opposants au nouveau gouvernement.
En revanche, Mola ne parvient pas à convaincre Franco. Quatre années auparavant, pendant l'été 1932, lors du procès de Sanjurjo pour rébellion militaire et alors qu'il encourait la peine de mort, Franco s'était refusé à le défendre avec une phrase cruelle : « Général, vous avez gagné le droit de mourir, non pas pour vous être soulevé, mais parce que vous avez échoué ». Depuis lors, Sanjurjo le haïssait. C'est pourquoi Franco se refuse à prendre part à un complot dont il deviendra le chef.

Toutefois, tous les conjurés espèrent le persuader de se joindre au complot. Angel Herrera Oria convainc Juan March (financier espagnol) de déposer 500 000 pesetas à son nom dans une banque française, un montant similaire à celui destiné à Mola. Il finance aussi la location d'un avion britannique (Dragon Rapide) piloté par un mercenaire, le captain Bebb, que Luis Bolín, correspondant d'ABC à Londres, fait envoyer aux îles Canaries par ordre du journaliste et éditeur du journal ABC, Juan Ignacio Luca de Tena. Dans l'hypothèse du ralliement de Franco à la conspiration, l'appareil devait servir à le transporter au Maroc pour remplacer le général Agustín Gómez Morato, considéré loyal à la République.
Malgré les menaces de putsch, le gouvernement du Frente popular ne prend aucune mesure pour le prévenir, se contentant de muter les généraux les plus compromis, comme Franco aux Canaries, ce qui ne l'a pas empêché d'y participer.

Le coup d'État raté et l'enlisement:


Le coup d'État, ou le pronunciamiento, débute le 17 juillet au Maroc où Franco prend le commandement des troupes, après être arrivé en avion des îles Canaries via le Maroc français, mettant ainsi sa femme et sa fille en lieu sûr, à Casablanca. Le putsch se diffuse à travers la métropole dès le lendemain.

Les premiers communiqués du gouvernement, après 24 heures, se veulent rassurants, reconnaissant uniquement qu'une partie de l'armée s'est soulevée au Maroc. À Séville, des travailleurs désarmés tentent en vain de s'opposer au soulèvement, mené là-bas par Queipo de Llano; le gouvernement refuse de donner des armes aux travailleurs qui en réclament, menaçant de faire fusiller ceux qui leur en fourniraient.

Le gouvernement républicain tente une conciliation avec les militaires. Le président Manuel Azaña propose la mise en place d'un gouvernement de compromis à la place du Frente popular : le 18 juillet, il nomme Diego Martínez Barrio à la tête du gouvernement, mais doit rapidement constater l'échec de ses efforts. Ni du côté nationaliste avec Mola, ni du côté républicain avec le socialiste Francisco Largo Caballero, on ne veut de compromis. L'issue guerrière est inévitable, et dès le lendemain de sa nomination, Martinez Barrio démissionne, remplacé par José Giral.
Le 17 juillet, à Barcelone, les travailleurs de la CNT commencent à s'armer, dans les arsenaux et les chantiers navals. Leur détermination fait basculer de leur côté la Garde civile et la Garde d'Assaut, obligeant les militaires à capituler dans la deuxième ville du pays. Quand le gouvernement décide de donner des armes à la population, celle-ci était, de fait, déjà armée.
À Madrid, des armes sont finalement distribuées, là aussi, aux ouvriers, mais elles manquent de culasses. La population lance cependant un assaut, le 20 juillet, contre la caserne de la Montana, et s'en empare.

Si certaines régions tombent rapidement (Navarre, Castille-et-León, Galice, Andalousie occidentale, grandes villes d'Aragon), le reste du pays reste fidèle à la République. Madrid, Valence et Barcelone, malgré le soulèvement de la garnison locale, restent aux mains des républicains, grâce notamment aux milices ouvrières très vite mobilisées. Au bout d'une semaine, le pays est coupé en deux zones à peu près égales : d'un côté les nationalistes, de l'autre les républicains qui conservent les régions les plus riches et industrielles.

La révolution:


En tentant un coup d'État, les militaires ont ainsi déclenché la révolution dans le pays. Voyant les travailleurs en armes, bien des patrons s'enfuient, ou rejoignent le camp des nationalistes. En réaction, la population ouvrière saisit les entreprises, 70 % d'entre elles en Catalogne, 50 % dans la région de Valence, et instaure un contrôle sur les autres. Les paysans collectivisent les trois quarts des terres. L'Eglise ayant choisi (sauf dans le Pays basque) le camp de Franco, ses biens deviennent propriété du peuple, les couvents deviennent des réfectoires pour les miliciens, des écoles, des salles de bal, etc.

Les autorités légales ont perdu tout pouvoir, ne disposent plus d'aucune force de police, d'armée ou de justice. À la place, la gauche met en place des organes d'un nouveau pouvoir, organise des milices pour combattre les nationalistes, réorganise les transports, l'approvisionnement des villes, transformant des usines pour les besoins de la guerre.

Cependant, les différents partis et organisations ouvrières tels que les communistes, les socialistes, la CNT et le POUM laissent en place le gouvernement, qui peu à peu reconstitue une armée qui va s'opposer aux milices et supprimer les comités mis en place par les organisations ouvrières. En novembre 1936, tous les ministres, y compris les anarchistes, signent un décret sur la dissolution des milices et leur incorporation dans les forces de police régulières. Celles qui refusent de rentrer dans l'armée du gouvernement ne reçoivent plus d'armes, ce qui facilite la victoire des nationalistes sur plusieurs fronts ; les tribunaux révolutionnaires sont remplacés par les tribunaux du régime précédent. Ainsi, si l'énergie de la gauche révolutionnaire dans les premiers jours du soulèvement avait tenu en échec les militaires, la révolution est peu à peu désarmée, sans qu'aucun parti ouvrier ne s'y oppose réellement.

L'état de l'armée à la veille des combats:


En principe, la loi de 1912 a établi la conscription et fixé le service militaire à trois ans ; en 1924, il est fixé à deux ans, puis à un an en 1930. Mais les cas d'exemptions sont innombrables et il est très inégalitaire (par exemple, on peut tout à fait légalement l'éviter moyennant le paiement d'une cuota). Par ailleurs, le budget ne permet ni instruction, ni entraînement, aussi les appelés sont fréquemment envoyés en permission de longue durée.
De ce fait, en métropole, dans chaque division d'infanterie, trois régiments sur quatre sont en sommeil et le quatrième n'est pas aligné sur ses droits en effectifs.

D'après S. Balfour, en juillet 1936, il y aurait moins de 16 000 appelés présents sous les drapeaux et environ la moitié resteront fidèles à la République. Cependant, pendant la durée du conflit, ce sont près de trois millions d'hommes qui sont mobilisés, parfois dans le camp opposé à leurs idéaux.

Le rapport de forces:


Les forces en présence sont équilibrées au commencement du conflit. Il semble qu'au début de 1937, chaque camp dispose d'environ 500 000 hommes. L'armée espagnole, avant la guerre, est plutôt médiocre, de par son matériel hors d'âge ou par ses tactiques d'un autre temps.
La livraison des armes allemandes ou italiennes a permis une nette amélioration de l'armement de l'armée nationaliste. Les avions italiens se révèlent décisifs lors des premiers jours du conflit, en permettant aux troupes franquistes de franchir le détroit de Gibraltar. Des firmes étrangères telle que Ford et Texaco fourniront également, à crédit, camions et carburant en quantités importantes. De plus, les nationalistes disposent des troupes les plus aguerries : les Maures et la Légion. Stationnées au Maroc espagnol, elles sont commandées par des officiers qui ont l'expérience des guerres coloniales.

Les républicains sont quant à eux progressivement équipés d'armes soviétiques, mais l'approvisionnement pose problème en raison du blocus maritime des puissances européennes, plus relâché du coté nationaliste. Moscou enverra aussi des conseillers militaires, essentiellement utilisés pour faire fonctionner les avions et les chars, ainsi que des commissaires politiques du Komintern, essentiellement pour assurer la répression au sein des forces communistes dissidentes, tels que les trotskistes et les militants du POUM.
Les problèmes majeurs, pour les républicains, se posent du côté de l'organisation. En effet, il s'agit d'une armée populaire créée de toutes pièces, et n'obéissant pas au gouvernement car basée sur l'idée d'une défense populaire assurée par chaque citoyen, sans commandement centralisé. Devant l'échec de cette organisation, le gouvernement a tenté de créer une armée populaire sous la forme d'un corps national (en place au printemps 1937), avec une discipline et un commandement communs. Ces hésitations reflètent l'opposition entre communistes, tenants d'une armée organisée, et anarchistes, partisans d'une défense populaire.
En règle générale, l'armée républicaine souffre d'une carence en officiers d'active qui ont pour beaucoup choisi de rejoindre le camp nationaliste. La plupart des bâtiments de la Marine sont restés aux mains de la République, mais les marins, sans leurs officiers, ne sont pas capables d'en faire un bon usage.

Les opérations:


Sur le plan militaire, la guerre d'Espagne présente les caractéristiques suivantes. Il s'agit tout d'abord d'une guerre qui, sauf dans sa dernière phase, se déroule sur plusieurs fronts à la fois. La guerre comporte sur ces différents fronts une succession de phases de mouvement et de longues phases de guerre de position avec utilisation de tranchées. Il faut noter que les républicains, par tactique ou par obligation, sont souvent sur la défensive, en résistant d'ailleurs souvent bien. Leurs offensives sont presque toujours de faible ampleur, mal conçues, rapidement stoppées voire contrées, et se traduisent souvent par des pertes (humaines et matérielles) importantes. Cette situation contribue à affaiblir progressivement le camp républicain.

Quand la guerre proprement dite commence, fin juillet 1936, tout semble bloqué mais l'aide extérieure de l'Allemagne et de l'Italie, futures puissances de l'Axe, permet aux troupes du Maroc (les plus compétentes et les mieux entraînées) emmenées par Franco de passer le détroit de Gibraltar le 5 août et de rejoindre le reste de l'armée et 15 000 carlistes emmenés par Mola. Au total, 62 000 troupes du Maroc servirent dans les forces nationalistes dont 37 000 sont engagées au printemps 1937. Les troupes marocaines progressent vers le nord, en attaquant durement les villes et villages rencontrés. Simultanément, dans le nord du pays, des combats opposent les républicains aux requêtes carlistes, en particulier au Pays basque et à proximité de la frontière française. Dans les zones contrôlées par la République, des mouvements de contre-offensive se lancent. Trois colonnes se forment pour essayer de reconquérir du terrain sur les territoires nationalistes ; la plus célèbre est sans doute la « colonne Durruti », du nom de son commandant, Buenaventura Durruti. Par ailleurs, les républicains ont reconquis Minorque mais échoué à prendre le contrôle du reste des Baléares.

En octobre, Franco doit faire un choix stratégique : aux portes de la capitale, il préfère détourner ses troupes au sud, vers Tolède pour aller sauver les insurgés assiégés dans l'Alcazar. Ceci laisse le temps aux Madrilènes d'organiser la défense. Lorsque les nationalistes atteignent Madrid en novembre 1936, la défense est acharnée : chaque rue est défendue (avec le célèbre slogan de La Pasionaria, « ¡No pasarán! »). Autour de la capitale, plusieurs opérations ont lieu en février et mars 1937, en particulier la bataille du Jarama et la bataille de Guadalajara. Malgré des pertes très lourdes, la ville tient bon et en mars 1937, les nationalistes doivent se rendre à l'évidence : la prise de Madrid a échoué.

Ils décident donc de s'occuper d'abord des poches de résistances républicaines que sont le Pays basque et les Asturies. Une première campagne se déroule autour de Bilbao, que les républicains ont entourée d'une « ceinture de fer » qui n'a guère contribué à ralentir les nationalistes, qui parviennent à prendre la ville le 19 juin et à contrôler le reste de la province dans les jours suivants. En août, les combats se portent dans la région de Santander, qui tombe le 26 août. Les Asturies restent alors seules dans le nord de l'Espagne à rester sous contrôle de la République. Cette petite zone résiste longtemps mais doit capituler le 17 octobre, laissant ainsi les forces nationalistes entièrement maîtresses de la côte atlantique.

Entre temps, les républicains se lancent dans d'autres offensives difficiles, en particulier à Brunete et à Belchite, mais ces combats meurtriers ne leur permettent qu'une progression limitée. Dans les derniers jours de l'année 1937, les troupes républicaines engagent le combat pour Teruel qu'elles parviennent à prendre lors de combats qui se déroulent dans des conditions très rudes pour les deux camps, notamment en raison du grand froid qui règne à Teruel cet hiver-là. Cette opération est toutefois contrecarrée et la ville est reprise par les nationalistes après moins d'un mois. Après la reprise de Teruel, l'armée nationaliste poursuit l'offensive et parvient à gagner la côte, le 6 avril, coupant ainsi en deux le territoire contrôlé par les républicains. Ceux-ci essaient encore d'attaquer lors de la bataille de l'Èbre (à partir du 25 juillet 1938) mais c'est un nouvel échec : les républicains sont contraints de repasser l'Èbre au prix de pertes importantes.

Dès lors, le sort du conflit est scellé : la Catalogne est conquise sans grande résistance en février 1939. Dans la capitale, un coup d'État anti-communiste anarcho-socialiste démobilise la résistance : Madrid est tombe avec peu de combats. Le reste de l'Espagne est enlevé dans le mois, les derniers combats ayant eu lieu à Alicante. Le 1er avril 1939, Franco peut annoncer que « la guerre est finie ».

Violences et exécutions:


La guerre d'Espagne a été particulièrement violente, surtout lors des grandes batailles (Teruel, mais surtout bataille de l'Èbre). Mais la guerre a également été marquée par des tueries en dehors des combats à proprement parler. Il y a eu des exécutions, parfois sommaires, parfois organisées et même précédées de jugements hâtifs.
Lors de cette « révolution » des atrocités sont commises de part et d'autres. Bartolomé Bennassar explique ainsi :
« Il y eut bien, face à face, deux volontés d'extermination, l'une plus organisée, c'est vrai, l'autre plus instinctive, l'une et l'autre exacerbées[4] ».


En zone nationaliste:


Les militaires fidèles au gouvernement sont les premières victimes partout où les rebelles prennent le pouvoir (hors de tout combat). Il s'ensuit le massacre des militants et sympathisants des syndicats et organisations de gauche à partir de listes établies à l'avance. Au fur et à mesure de la progression des troupes rebelles et de la prise des villes et villages au tout début de la guerre, les militants et sympathisants de la République sont systématiquement arrêtés, emprisonnés ou fusillés. Ce seront ainsi des dizaines de milliers de victimes qui seront exécutées sommairement[5]

Un des plus grands massacres collectifs a lieu les 14 et 15 août 1936 à Badajoz en Extremadure, où de nombreux miliciens désarmés sont sommairement fusillés, lorsque les nationalistes,principalement des unités de la Légion, s'emparent de la ville. Ce massacre a été révélé pour la première fois par deux journalistes français et un journaliste portugais. Le bilan est à l'époque évalué à 2 000 victimes, mais il est, selon Hugh Thomas, plus proche de 200[6].
Le ralliement de l'Église catholique et des démocrates-chrétiens aux nationalistes, s'explique par la terreur des massacres anti-catholiques organisées dans les zones sous contrôle républicain.
La fin de la guerre n'a pas signifié pour autant le retour à la paix. Les exécutions se poursuivront les années suivantes manifestant la soif de vengeance des vainqueurs caractérisant le régime dictatorial pendant de longues années et la misère et la terreur pour les vaincus [7]. Les lettres de dénonciations sont tellement nombreuses que la prescription des délits politiques non dénoncés est ramenée de quinze à deux ans dès janvier 1940 [8].

En zone républicaine:


Les massacres des opposants commencent dès le début de la rébellion. L'appartenance sociale ou politique suffit la plupart du temps dans l'acte d'accusation pour justifier une exécution [9]. Ce fut le cas par exemple pour les officiers de la garnison de Lérida, les officiers de la base navale de Minorque et ceux de Carthagène. Ce fut aussi le cas pour les députés de droite pourchassés en zone républicaine et dont 24 sont exécutés.

Les prêtres et les religieuses sont parmi les autres principales victimes de ces massacres, notamment en Catalogne. Selon les études consacrées à la fureur fratricide qui a saisi l'Espagne en 1936 [10], plus de 7 000 religieux dont 13 évêques, 4 184 prêtres, 2 365 moines et 283 religieuses ont été assassinés durant cette période [11]. Soit 88 % du clergé dans le seul diocèse de Barbastro (Aragon), dont l'évêque, Mgr Asensio Barroso, émasculé vivant avant d'être assassiné le 9 août 1936. Neuf diocèses perdirent ainsi plus de la moitié de leur clergé, la seule appartenance à ce dernier étant justiciable d'une exécution sommaire. Ceux qui ont pu y échapper se trouvaient en zone nationaliste, ou avaient pu fuir, se cacher ou bénéficier de protections. A ces tueries s'ajoutèrent les incendies d'églises et de couvents, les profanations d'autels et de sépultures [12]. En septembre 1936, devant des réfugiés espagnols, le pape Pie XI dénonçait ce qu'il désignait comme une « haine de Dieu satanique professée par les républicains ».

À partir du 23 août, des tribunaux populaires donnent un formalisme juridique aux exécutions. Des commissions d'épuration sont mises en place afin de recenser les suspects à partir de leurs antécédents sociopolitiques. En Asturies par exemple, elles dressent les listes des sympathisants des partis de droite dont les « plus chanceux » sont victimes d'expropriation [13].
Durant l'été 1936 [14], en plus des 7 000 à 8 000 religieux, près de 2 000 phalangistes sont massacrés en zone républicaine, hors de tout combat, sans que le gouvernement légal ne condamne un seul instant ces crimes commis par ses propres partisans des milices syndicales (« les patrouilles de l'aube ») et sans que cela soit en représailles de fusillade du camp adverse. Des actes d'une grande violence frapperont notamment les religieuses ou les jeunes filles des organisations catholiques tombées entre les mains des républicains. La conséquence immédiate sera le ralliement de nombreux centristes catholiques aux militaires insurgés.
À Madrid, entre 1936 et 1939, selon César Vidal près de 15 000 personnes auraient été fusillées [15]. Des exécutions sommaires massives ont lieu à partir notamment du 22 août 1936, et coûtent la vie à plusieurs anciens ministres de la République comme José Martínez de Velasco, Manuel Rico, Ramón Álvarez ainsi qu'à Melquíades Álvarez, chef du parti libéral-républicain et Fernando Primo de Rivera, frère du fondateur de la Phalange. [16].
Les détenus politiques de Jaén transférés vers Madrid sont exécutés en chemin. À Malaga, le 30 septembre, 130 personnes sont fusillées [17] [18].
Du 2 au 6 novembre 1936, cinq mille personnes sont fusillées à Paracuellos et Torrejón de Ardoz, et enterrées dans des fosses communes. Les victimes sont à la fois des détenus madrilènes évacués de la ville, des étudiants d'un collège catholique et les membres de familles aisées de la ville [19]. Les responsables seraient, selon certains historiens, Margarita Nelken, une députée socialiste, et Santiago Carrillo, qui continue de nier le rôle qui lui est attribué dans ces massacres.

A partir de mars 1937, les victimes des massacres des républicains vont davantage concerner le camp républicain lui-même [20]. En effet, les tensions au sein même de l'Espagne républicaine conduiront à des affrontements internes sanglants (d’un côté anarchistes et communistes hétérodoxes, de l’autre le PSUC - parti inféodé à l'URSS stalinienne), qui conduiront à la chute de Barcelone. L'affrontement principal au sein du camp républicain a lieu en mai 1937 et aboutit à l'écrasement par les armes du courant révolutionnaire. Ces conflits internes qui ont vu les partisans libertaires et ceux du Parti ouvrier d'unification marxiste (POUM) massacrés par des groupes d'intervention soviétiques soutenus par le NKVD expliquent pour une large part la dégradation de l'assise républicaine, incapable de reconquérir le terrain perdu sur les nationalistes.

L'attitude des pays étrangers et les interventions:


Article détaillé : Aide militaire étrangère pendant la guerre civile espagnole.

La non-intervention de la France et du Royaume-Uni [modifier]
Article détaillé : Non-intervention (guerre d'Espagne).
En France, Léon Blum, de tout cœur avec les républicains reçoit une demande d'assistance le 20 juillet 1936 à laquelle il répond positivement, mais il doit faire marche arrière devant l'opposition de la droite, des radicaux (Édouard Herriot), du président modéré Albert Lebrun et du Royaume-Uni. Finalement, le choix est fait d'appliquer une politique de « non-intervention », seule notion permettant d'associer les Britanniques au règlement du conflit.
Côté britannique, le gouvernement de Neville Chamberlain et les élites britanniques voient l'Espagne comme un pays en pleine révolution « communiste » (les Anglais refusent de se battre pour des « communistes espagnols »). De plus, tout est fait pour éviter un conflit avec les puissances totalitaires : on pense qu'en étant conciliant avec l'Allemagne, on peut arriver à s'entendre avec Hitler sur ses ambitions expansionnistes.
C'est dans ce contexte que Léon Blum propose le pacte de non-intervention, signé par la quasi-totalité des pays européens. Un comité est créé à Londres pour en définir les modalités. Chaque pays se voit chargé d'empêcher la livraison d'armes en Espagne : les Britanniques doivent assurer le respect d'un embargo sur les armes dans l'Atlantique, la France dans les Pyrénées, et l'Italie sur la côte méditerranéenne.
La France et le Royaume-Uni envoient cependant des armes aux républicains mais secrètement.

La participation italienne:


Affiche républicaine appelant à combattre l'invasion italienne
L'aide italienne au camp nationaliste, limitée au début du conflit, devient massive dès la fin de l'année 1936. Elle se matérialise par des livraisons importantes de matériel (près de 700 avions et 950 chars) mais surtout par l'envoi de nombreux soldats. Le corps des volontaires italiens (CTV) atteint jusqu'à 50 000 hommes. Contrairement aux troupes allemandes, les Italiens sont bien intégrés dans les combats après sa défaite à bataille de Guadalajara.
Mussolini semble envoyer ses troupes davantage dans le but de renforcer son rayonnement que par affinité idéologique avec les nationalistes, car même si le fascisme partageait son inspiration socialiste avec Franco, celui-ci avait une connotation nettement catholique, que Mussolini n'avait pas. C'est ainsi l'occasion pour lui d'effectuer une propagande d'ampleur internationale. Il a aussi des intérêts économiques (les armes italiennes sont vendues aux nationalistes) et stratégiques (utopie d'une mainmise sur la Méditerranée). Mussolini espérait également placer un régent italien sur une plus ou moins grande partie de l'Espagne.
En mars 1938, les Italiens bombardent Barcelone, fief des républicains espagnols. Les quelques 3 000 morts et nombreux blessés soulèvent l'indignation de la communauté internationale. Le pape Pie XI va jusqu'à protester auprès de Mussolini.

La participation allemande:


Le beau-frère de Franco, alors admirateur de Goering, demande de l'aide à l'Allemagne nazie pour que l'Italie n'ait pas la mainmise sur l'Espagne
L'Allemagne nazie participe au conflit aux côtés des nationalistes en engageant 10 000 hommes au plus fort du conflit, mais ce sont essentiellement des techniciens et instructeurs, peu de soldats. Les rares forces de combat sont limitées à quelques compagnies de chars et aux avions de la légion Condor. Hitler se sert de cette guerre pour essayer le nouveau matériel et y gagne aussi sur le plan économique : en effet, il a négocié en échange de son aide le contrôle des sociétés minières espagnoles. Parmi les faits marquants des envoyés allemands en Espagne, le bombardement de civils à Guernica, le 26 avril 1937, préfigure les stratégies de la guerre totale à venir. Après cet événement, condamné par une bonne partie de la communauté internationale, l'aide allemande se réduit.

Les autres aides aux nationalistes:


Les nationalistes ont également obtenu l'aide du Portugal de Salazar qui enverra une légion de 20000 hommes (appelés Viriatos).Toutefois l'aide du Portugal s'arretera là. Le général Sanjurjo qui était en exil au Portugal ne fut pas autorisé à partir d'un aéroport officiel. Son avion dut décoller d'un terrain privé et s'écrasa dans un bois en bout de piste. Sanjurjo trouva la mort dans cet accident. Les troupes franquistes n'étant pas autorisées à rentrer en terrain portugais, trouvèrent d'énormes difficultés pour franchir les cols de Somosierra et Guadarrama durement défendu par les républicains. Ce passage fut facilité par la désertion d'une compagnie de gardes civils entière. On peut noter aussi le renfort plus anecdotique des 600 Irlandais de la Légion Saint-Patrick.

La participation de l'Union soviétique:


L'URSS intervient timidement en faveur des républicains, notamment par l'intermédiaire du Komintern, au nom de la lutte contre le fascisme.
Notons que plusieurs généraux républicains, membres du PCE, comme Juan Modesto ou Enrique Líster, ne sont pas sortis du rang, mais avaient été formés en URSS où ils avaient trouvé refuge au début des années 30.
Staline livre de nombreuses armes modernes (chars et avions) mais exige en contrepartie que les réserves d'or de l'Espagne détenues par la République "soient mise en sécurité" en URSS où elles y resteront après la fin de la guerre et ne seront jamais rendues.
L'URSS envoie peu d'hommes (seulement 2 000, pour la plupart des conseillers) et de plus les livraisons d'armes sont irrégulières et l'acheminement difficile vers certaines régions.
Après les accords de Munich, l'aide soviétique décroît rapidement.
Les Soviétiques encouragent et soutiennent également les Brigades internationales et cherchent à éliminer les marxistes non staliniens (principalement en Catalogne) et les anarchistes.


Les Brigades internationales:


Voir l'article détaillé Brigades internationales.
Aux côtés des républicains, des volontaires venus du monde entier,dont une majorité de français[réf. nécessaire], souvent des communistes, des marxistes, des socialistes ou des anarchistes, mais aussi des anti-fascistes plus modérés, se sont engagés dans des groupes qui ont pris le nom de Brigades internationales.
Avant même la constitution des Brigades internationales, des étrangers participèrent à la colonne Durruti ; Simone Weil en est un exemple.

Les autres aides aux républicains:


Le Mexique envoie quelques armes aux républicains.
Comportements des Nations

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Seuls le Mexique et le Portugal auront une conduite correspondant à leur langage officiel.
Avec le recul, on peut constater que les gouvernements qui aidèrent les républicains étaient plus motivés par des enjeux économiques ou politiques que par une éventuelle sympathie ou compassion, envers le peuple espagnol déchiré. A l’inverse, les nombreux volontaires, venant d’une cinquantaine de pays qui s’engagèrent pour soutenir les républicains, le firent, dans une immense majorité, poussés par un idéal généreux et fraternel.
En ce qui concerne les considérations économiques : le téléphone était américain ; les mines de cuivre, le commerce du liège et les adductions d'eau des grandes villes étaient anglaises; les Français possédaient des mines de cuivre, mais surtout les mines d'argent et d'importantes participations dans les mines du charbon. Les Belges faisaient du commerce de bois de construction, dans les chemins de fer et les tramways ; les Canadiens fournissaient une grande partie de l'électricité. Puis… La vente d'armes est un commerce très lucratif.
Les considérations politiques sont plus longues et plus complexes à comprendre: Trois pays apporteront de l'aide aux nationalistes. En hommes et en matériel de guerre pour l'Allemagne et l'Italie, en hommes seulement en ce qui concerne Portugal.
Le 18 juillet 1936, le coup d'État des généraux est loin d’être une victoire. Les jours suivants va régner une confusion indescriptible. La situation est si incertaine que les deux forces en présence vont se tourner vers l'étranger pour demander de l'aide.
Franco qui avait été rapatrié des Canaris par un appareil britannique privé, s'adresse donc à l'Angleterre, mais l'Angleterre, qui voit l'Allemagne faire des mouvements de troupes vers le Rhin, ne veut s'engager officiellement ni pour un parti, ni pour un autre. Ce qui ne l'empêchera pas de « manœuvrer » tantôt à droite, tantôt à gauche, pendant toute cette guerre. Franco veut alors s'adresser à la France, mais il apprend que le Gouvernement Blum est déjà en négociation avec le Gouvernement Républicain. Il ne lui reste plus que l'Italie et, pourquoi pas, l'Allemagne ? Dans l'autre camp on s'aperçoit aussi, que l'on n'a pas le matériel nécessaire. l'armée espagnole manque de tout pour se lancer dans des opérations d'envergure. Et même si la Marine et l'aviation sont restées du côté républicain, pratiquement tous les cadres sont chez l'adversaire, ont été assassinés, ou ne leur inspirent aucune confiance. Quelques heures vont séparer les appels de détresses des belligérants vers les pays voisins ou « amis ». Mais les républicains sont Frente Popular, José Giral est socialiste, en France le Gouvernement est Front Populaire et à sa tête un autre socialiste : Léon Blum. Il semble naturel que il appréhende avec sympathie et compréhension les problèmes d'un gouvernement « frère ». Mais il y a surtout les mouvements de troupes allemandes et italiennes qui inquiètent Paris, tout comme elles inquiètent Londres. Bien que l'on ne sache pas encore à quoi s'en tenir, on prête aux généraux rebelles des idées fascistes. (On se refuse à croire que ce conflit, au départ, n'est que purement espagnol) La peur d'être encerclés par trois Etats de même tendance pousse Blum et son équipe vers les Républicains.
Mais, à Paris, l'ambassade espagnole est favorable aux nationalistes. Aussitôt l'ambassadeur prévient son collègue à Londres. Dés le 21 juillet le Gouvernement Anglais est au courant des intentions de la France. Pour Sir Anthony Eden, ministre des Affaires étrangères, les réalités doivent passer avant les sentiments. A son avis, en Espagne, les torts sont partagés, l'anarchie dans le plus mauvais sens du terme pour les uns, avait créé une situation qui n'était plus supportable et il fallait que cela explose ; le coup d'État plaçait l'autre camp dans l'illégalité totale. Condamner les uns serait exclure les autres! Eden demande une réunion avec la France et que le Président du Conseil lui-même y assiste pour parler de l'Espagne. Léon Blum et son ministre des Affaires Etrangères Yvon Delbos viennent donc à Londres pour s'entendre dire qu'il ne faut surtout pas compter sur l'Angleterre pour une quelconque participation à la guerre civile d'Espagne. Le matin déjà les journaux londoniens avaient publié des articles disant clairement que le Gouvernement de Londres condamnait l'attitude du Gouvernement Français. Winston Churchill lui même, bien que farouchement opposé à l'Allemagne et l'Italie, écrivit à l'ambassadeur de France, Corbin, pour demander « une neutralité absolument inflexible ». L'Angleterre ne variera jamais dans cette attitude officielle, même si l'on trouvera de nombreux anglais dans les Brigades internationales.
En France donc, officiellement, Léon Blum hésite. Toute sa politique étrangère est étroitement liée à celle de l'Angleterre et il se trouve que, sur l'Espagne, il y a une totale divergence de vues. Et voilà que la presse française de droite se déchaine. La Gauche applaudit, la Droite s'indigne, le Centre ne se prononce pas, mais manifeste ses inquiétudes sur l'avenir de la France. L'état-major exprime ses plus vives réticences à se démunir d'un matériel qui lui fera faute en cas de conflit avec l'Allemagne. Le climat politique se tend. Le Président de la République Albert Lebrun convoque un conseil de ministres extraordinaire dans lequel il va solennellement réprouver ses actions à Léon Blum : -« Ce que vous voulez faire, ce que vous avez commencé à faire, peut avoir des répercussion infinies. Cela risque de signifier ou bien la guerre extérieure, ou bien la révolution intérieure. »- Mais à l'issue de ce Conseil de Ministres, il a quand même été décidé qu'on enverra du matériel de guerre en faisant croire qu'il procède du Mexique, tout en démentant énergiquement que la France soit impliquée dans ce trafic. Les trains chargés d'armes circuleront la nuit. Le recrutement de volontaires se fera sous couvert de partis politiques ou d'organisations non gouvernementales. Alors, si on ne le fait pas par la voie officielle, on le fera en catimini. Et voilà comment la France aura, pendant toute cette guerre, une triple attitude. 1: Un langage médiatique de complète neutralité. 2: Des ventes ou des fournitures d'armes plus ou moins secrètes ainsi que le recrutement de volontaires. (Des personnages influents prennent publiquement position pour la République). 3: Des ventes de matériel de guerre par des entreprises privées, aux Nationalistes avec la plus totale hypocrisie de l'État qui feindra de ne rien voir.
Dés le 24 juillet 1936 deux trains de bombes et de grenades sont chargés sur le Ciudad de Tarragona via Barcelone. Toujours le 24, vingt avions décollent d'Étampes vers le sud. Le 26 et 27 d'importants chargements de mitrailleuses et leurs munitions traverseront, pendant la nuit, les frontières de Cerbère et Hendaye. Quelques jours plus tard une dizaine de bombardiers, douze avions de chasse, une quinzaine de transports seront livrés aux Républicains. Mais par la France transiteront aussi, toutes sortes d'armes vendues par des trafiquants venus de tous pays. Pierre Cot, André Malraux et Josip Broz, qui deviendra le maréchal Tito, seront les principaux organisateurs de cet trafic[21].
Pendant ce temps Yvon Delbos fait voter une « convention nationale de non ingérence » qui est proposée ensuite aux autres pays européens! L'état-major français dira plus tard : -« Nous n'avons laissé partir que des vieux coucous »-.
À Moscou, Staline, lui aussi sollicité par les Républicains espagnols, a réfléchi : l'Espagne ne compte en juillet 1936 que trois mille adhérents communistes. Ce lointain pays ne l'intéresse pas. Ce n'est qu'un mois plus tard, quand il aura compris l'intérêt qu'il peut en tirer, aussi bien sur le plan national qu'international, qu'il changera d'avis et commencera un chantage aux armes.
Mais, tout de suite, il se livre à de savants calculs. Il pense qu'une victoire Nationaliste encerclerait la France par trois pays à tendance fasciste, et surtout que cela pourrait aider l'Allemagne si une agression contre la Russie avait lieu. Il faut, en conséquence empêcher cette victoire, mais, d'un autre côté une victoire communiste alarmerait la France et la Grande-Bretagne et pourrait même entrainer une guerre mondiale. En outre, il ne faut pas gaspiller ses armes et, il ne faut pas, non plus, que les Républicains gagnent la guerre trop vite.... et même il ne faut pas qu'ils la gagnent du tout ! En conséquence, Staline aussi, n'enverra des armes en Espagne qu'en quantités calculées et jouera sur plusieurs tableaux.
On lui prête d'ailleurs des idées encore plus tortueuses, qui seraient celles de glisser vers des alliances avec les droites et les fascistesGeorges Roux : "la guerre civile d'Espagne". Des plans dont l'apothéose aurait été le pacte germano-soviétique de 1939. Plus tard, une toute autre raison poussera Staline à faire durer cette guerre civile le plus longtemps possible : faire dépenser le plus possible de matériel militaire à l'Allemagne de façon à l'affaiblir au maximum. Mais pour l'instant, et alors qu'il s'apprête à faire une nouvelle purge parmi les vieux bolchéviks, il médite sur ce que sera sa stratégie en Espagne. Pour l'anecdote, il faut quand même parler des quelques mesures qu'il va prendre tout de suite : Il retranche une somme sur les salaires des ouvriers pour « aider » leurs camarades espagnols. Plus sérieusement, il envoie en Espagne le chef du parti communiste italien Togliatti, le français Jacques Duclos, un autre italien, Vidali et le hongrois Ernö Gero, afin de renforcer le Komintern, mais aussi et surtout pour qu'ils espionnent et éliminent les communistes tentés de suivre Trotski. D'autre part, et en garantie, il se fait livrer 510 tonnes d'or en lingots des réserves de la banque d'Espagne et des chargements de bijoux par le gouvernement républicain. Cet or ne sera jamais rendu à l'Espagne.
En Italie, le 22 juillet 1936, arrivent à Rome deux représentants de Franco. Ils sont reçus par le ministre des Affaires étrangères, le comte Ciano, (gendre de Mussolini). Le ministre ne s'engage pas, mais promet de consulter. Deux fois Mussolini refuse l'appui demandé. Ce n'est que le 24, en apprenant que Blum aide la République espagnole, qu'il va consentir l'aide aux généraux rebelles. Mais lui aussi, s'est livré à de savants calculs. Premièrement, le fait que l'on vienne solliciter son aide le flatte. Deuxièmement, il pense que son ambition de dominer la Méditerranée se trouverait facilitée par la reconnaissance, à la fin d'une guerre qu'il aurait contribué à gagner, d'une « Espagne nouvelle » à qui l'on prête des idées semi-fascistes. Puis la victoire de cette « Espagne nouvelle » obligerait la France à partager ses troupes entre les deux frontières et l'empêcherait de recevoir des renforts du Maroc. Il vient de faire la conquête de l'Abyssinie (Éthiopie) et ce triomphe lui est monté à la tête. L'Espagne lui offre une nouvelle possibilité de faire valoir sa personnalité. Le langage officiel va être qu'il faut absolument faire barrage au communisme, alors que ses invectives s'étaient toujours adressées aux « démocraties décadentes » (France et Grande-Bretagne) Toutefois il n'aurait consenti cette aide à Franco qu'à contrecœur et sous l'insistance de Ciano.
La guerre d'Espagne va avoir une conséquence inattendue : le rapprochement de Hitler et Mussolini, alors que le Duce s'était toujours méfié de Hitler comme de la peste.
Toujours le 22 juillet, Franco envoie deux émissaires vers l'Allemagne portant une lettre destinée à Hitler en personne pour lui demander une dizaine d'avions d'une capacité maximum. En Allemagne, le ministre des Affaires étrangères, Dieckhoff et un autre ministre von Neurath se déclarent opposés à toute livraison d'armes à cause des graves conséquences qu'elle pourrait avoir sur la colonie allemande, très importante en Espagne. Le chef du parti nazi et l'Amiral Canaris, chef des Services Secrets y sont, par contre, tout à fait favorables. Goering, chef de la Luftwaffe, insiste auprès du Führer avec ces arguments : Franco se trouve au Maroc, il ne pourra pas faire passer ses troupes étant donné que la Marine reste aux mains des Républicains. Il faut absolument empêcher une nouvelle avance du communisme. Il avance ensuite un autre raisonnement : il faut aguerrir sa toute jeune Luftwaffe.
Mais, plus tard, on trouvera dans les archives secrètes du Troisième Reich, des preuves que des transactions eurent lieu au début du mois d'août 1936 entre le gouvernement Républicain de Giral et des organismes hitlériens pour l'achat de bombes et des avions. Ainsi, de même que le gouvernement Blum en France, Hitler vendit des armes et aux Nationalistes et aux Républicains ! A la Société des Nations, se dérouleront de nombreuses réunions. Chaque fois, les séances étaient houleuses, les discours enflammés. Entre groupes d'opinions différentes on s'échangeait des invectives, des insultes, des menaces, puis on faisait des déclarations pleines de bonnes intentions à la presse .....Et tous les pays s'empressaient ensuite de ne rien faire ou de faire le contraire de ce qu'ils venaient de proclamer.
Le 29 septembre 1938, Daladier revient d'une conférence internationale tenue à Londres. Les français l'accueillent en triomphe et il termine en apothéose en déposant une gerbe de fleurs sur la tombe du Soldat Inconnu. C'est là qu'il se retourne vers son chef de cabinet et lui dit : « Ces imbéciles ne savent pas ce qu'ils applaudissent. On vient, tout simplement de faire cadeau de la Tchécoslovaquie à Hitler et lâcher « lâchement » les deux Espagne à leurs sorts ! »
Quand tout est perdu, que les troupes républicaines sont en pleine déroute, à Valencia, Alicante, Gandía, Cartagena, Almería des foules s'agglutinent dans les ports, espérant être évacuées vers l'étranger. L'approche des Nationalistes provoque des scènes de panique et il y a même une dizaine de suicides : L'Angleterre avait promis des bateaux, mais les bateaux ne sont pas là ; la France estime qu'elle en avait assez fait, et se contente d'accueillir ceux qui parviennent, presque miraculeusement, jusqu'à ses côtes ou celles d'Afrique du nord. Au Perthus on parque comme on peut les 500 000 réfugiés derrière des barbelés ; la compagnie américaine Midatlantic qui avait exigé d'être payée d'avance, ne l'a pas été, alors elle se met tout bonnement au service des Nationalistes. Le Mexique et l'URSS accueillent les réfugiés qui le demandent, mais Staline fera assassiner tous les espagnols qui ne sont pas d'accord avec sa politique[22]. Le 12 décembre 1946 se tient l’assemblée générale à l'ONU et l’« affaire espagnole » est à l’ordre du jour. A la suite du vote, l’Espagne est exclue de tous les organismes relevant des Nations Unies. L'Espagne est un vaste champ de ruines : Les villes, les usines et presque tous les moyens de productions sont détruits ainsi que la plupart des hôpitaux et des écoles, les meilleurs hommes sont soit morts, mutilés ou en exil et l'ONU impose un blocus économique total. Les historiens calculent que cet embargo aura causé entre 300000 et 600000 morts dans la population la plus démunie[23].

Conséquences de la Guerre civile:


Le bilan en victimes:


Le chiffre des victimes reste difficile à quantifier. Les sources manquent parfois, soit qu'elles n'aient pas été constituées, soient qu'elles aient disparu. Quand elles existent, elles sont souvent manipulées ou accusées de l'être, et font donc encore parfois l'objet de controverse. Dans les deux camps, on a pu parler d'un million de morts (chiffre énorme pour un pays de 26 millions d'habitants), mais ce chiffre est largement considéré comme exagéré. Actuellement, les estimations les plus sérieuses varient entre 380 000 et 451 000 morts des conséquences directes de la guerre.
Les chiffres suivants[24] sont donc des estimations à prendre avec précautions :
100 000 à 285 000 soldats morts au combat (pertes militaires directes)
10 000 à 150 000 civils morts des bombardements
40 000 à 200 000 exécutions en zone nationaliste
20 000 à 86 000 exécutions en zone républicaine
30 000 à 200 000 exécutions par le gouvernement franquiste entre 1939 et 1943
La seule bataille de l'Èbre aurait fait près de 60 000 victimes.
Il faut ajouter à ces chiffres la surmortalité due à la famine ou aux épidémies mais le chiffre de ces victimes (estimé à 330 000[25]) reste difficile à établir.

Réfugiés et exilés:


Article détaillé : Réfugiés et exilés de la guerre d'Espagne.
La guerre a entraîné d'importants mouvements de population, souvent décidés dans la précipitation sans projet précis pour les personnes déplacées. Si certains de ces déplacements se sont faits à l'intérieur de l'Espagne, la guerre a surtout conduit des Espagnols à quitter leur pays, souvent de manière provisoire, parfois de manière définitive.Les premiers mois, voire les premiers jours de la guerre voient le début de l'exode : depuis le Pays basque, des républicains quittent le pays pour la France ; en Catalogne, ce sont des personnes méfiantes voire hostiles envers les républicains qui partent, par bateau, vers Marseille ou vers l'Algérie. Par la suite, de nombreuses personnes, républicaines pour la plupart, ont quitté l'Espagne. Les destinations ont été variées, mais c'est la France qui a été la plus choisie, les trois autres grands pays d'exil ou de refuge étant le Royaume-Uni, le Mexique et l'URSS. En France même, ce sont les départements du Sud-Ouest, à proximité de l'Espagne, qui ont accueilli le plus de réfugiés, avec une forte immigration espagnole dans les villes de Bordeaux et de Toulouse, où résidaient déjà des Espagnols. Les autres départements de la côte Atlantique (Loire-Inférieure notamment) ont également été concernés, ainsi que le Massif central, les Bouches-du-Rhône et la région parisienne. L'accueil des arrivants a été très différent d'un endroit à l'autre : tantôt ils étaient bien reçus et faisaient même l'objet d'actions de solidarité, tantôt ils étaient regardés avec méfiance voire hostilité dans une France en crise marquée par certaines formes de xénophobie. Cette émigration vers la France a connu un mouvement d'accélération important au cours de la bataille de l'Èbre et dans les mois suivants, dans un mouvement appelé la retirada (retraite). En mars 1939, le nombre de réfugiés espagnols en France a été estimé à 440 000 personnes (d'après l'information de Valière au gouvernement français, 9 mars 1939). Devant un tel afflux, les autorités françaises se sont trouvées débordées, et certains de ces réfugiés se sont trouvé regroupés dans des camps de concentration (terme employé officiellement à l'époque). Cet épisode a eu un fort retentissement dans l'imaginaire des républicains espagnols, laissant le souvenir d'un pays peu ouvert aux républicains anti-fascistes.
Le départ d'Espagne de toutes ces personnes n'a pas toujours été définitif. Certains même, pendant la guerre, n'ont fait que passer par la France pour quitter le pays basque, occupé par les nationalistes, et rentrer par la Catalogne, encore tenue par les Républicains. Toutefois, la plupart de ceux qui ont quitté le pays n'y sont pas revenus avant la fin de la guerre civile. Certains réfugiés sont retournés dans l'Espagne franquiste, en particulier quand le régime s'est adouci, d'autres ont attendu la transition démocratique. En réalité, pour de nombreux républicains espagnols, l'installation à l'étranger est devenue définitive, mais ces familles gardent le souvenir de la guerre civile.
En 1939-1940, beaucoup de républicains demandent à s'engager dans les bataillons étrangers de l'armée française, malgré la méfiance des officiers français envers ces « Rouges ». Par la suite, ils sont nombreux à rejoindre la résistance française, les maquis (on parle de 60 000 maquisards espagnols dans le Sud-Ouest en 1944) et les Forces françaises libres. Lors de la libération de Paris, le premier détachement de l'armée Leclerc à entrer dans Paris est une section espagnole.
Parmi les figures de l'émigration républicaine, Jorge Semprún.

Chronologie:



Situation en août/septembre 1936
16 février : Victoire électorale du Frente Popular.
17 juillet et 18 juillet
Putsch militaire, mené par Franco, Mola et Queipo de Llano ; ils contrôlent l'armée d'Afrique au Maroc espagnol, Séville, Cadix, Cordoue, Algésiras, Pampelune, Valladolid, Burgos.
Le Premier ministre Santiago Casares Quiroga démissionne.
19 juillet
Les putschistes sont rejoints par les garnisons de Salamanque, Ségovie, Cáceres, Oviedo, Saragosse et de la Galice.
Formation du gouvernement de José Giral, avec des représentants de la gauche modérée.
20 juillet
Échec du soulèvement nationaliste à Madrid et à Barcelone.
Mort dans un accident d'avion du général José Sanjurjo, organisateur du putsch.
23 juillet : Installation de la junte nationaliste espagnole à Burgos.
24 juillet : Début de l'aide de la France aux Républicains espagnols.
30 juillet : Arrivée en Espagne des premiers avions italiens et allemands qui participeront au transport des troupes nationalistes au-dessus du détroit de Gibraltar depuis le Maroc.
1er août : Léon Blum propose la non-intervention en Espagne.
4 août : Avance de l'armée d'Afrique partie de Séville
8 août : La France ferme ses frontières avec l'Espagne.
14 août : Le colonel Juan Yagüe prend Badajoz, opérant ainsi la jonction entre les zones nationalistes du Nord et du Sud.
18 - 19 août : Federico Garcia Lorca est fusillé par des anti-républicains, à Grenade. Il avait 38 ans.
4 septembre : Prise d'Irún par les nationalistes.
5 septembre : Largo Caballero Premier ministre.
9 septembre : Conférence de Londres sur la non-intervention en Espagne.
27 septembre : L'armée nationaliste atteint Tolède et met fin au siège de l'Alcazar par les républicains où le colonel José Moscardo s'était retranché depuis le 22 juillet.
En septembre : Le Komintern approuve la création des Brigades internationales en Espagne.
1er octobre
Le général Francisco Franco est nommé par la junte de Burgos, chef du gouvernement national.
Le Pays basque vote son autonomie.
22 octobre : Autorisation par le gouvernement républicain de la création des Brigades internationales.
4 novembre entrée de la CNT dans le gouvernement Caballero.
7 novembre : Début de l'offensive nationaliste sur Madrid.
18 novembre : Reconnaissance officielle du gouvernement nationaliste par l'Italie et l'Allemagne.
23 novembre : Fin de la bataille de Madrid, Franco renonce à attaquer Madrid de front, l'offensive nationaliste a échoué.
17 décembre : La Pravda annonce qu'en Catalogne, le « nettoyage des trotskystes et des anarcho-syndicalistes a déjà commencé » Les agents de Staline effectueront ces purges .

1937:


Situation en octobre 1937
6 février-28 février : Échec d'une nouvelle offensive franquiste sur Madrid (bataille du Jarama).
8 février : Prise de Malaga par le corps expéditionnaire italien.
8 mars : Bataille de Guadalajara, défense des forces italiennes dans le secteur de Madrid (8-18 mars).
18 mars : Les nationalistes encerclés à Guadalajara
19 mars : Le général Mola déclenche son offensive dans le Nord.
19 avril : Décret transformant la Phalange en parti unique dans la zone nationale.
26 avril : Bombardement de Guernica, au Pays basque espagnol, par l'aviation allemande de la légion Condor, 1 500 civils tués.
3 mai : Écrasement des insurgés anarchistes et marxistes de Barcelone par l'État républicain, le Komintern et le Parti communiste espagnol, opposés à toute révolution prolétarienne au nom du front populaire antifasciste. Passivité et collaboration des anarchistes du gouvernement, défaitisme des dirigeants du POUM.
17 mai : Formation du gouvernement Negrín en zone républicaine.
3 juin : Mort du général nationaliste Emilio Mola dans un accident d'avion.
19 juin : Chute de Bilbao devant l'armée nationaliste.
5 juillet-26 juillet : L'armée républicaine tente une opération de diversion lors de la bataille de Brunete, près de Madrid.
En août, des unités militaires communistes mettent fin à la collectivisation des terres en Aragon.
24 août-27 septembre : Seconde opération de diversion des républicains lors de la bataille de Belchite en Aragon.
21 octobre : Les franquistes achèvent la conquête des enclaves républicaines de la zone atlantique. Chute de Gijon et fin de la guerre dans le Nord.
28 octobre : Le gouvernement républicain est transféré à Barcelone
5 décembre : Offensive républicaine à Teruel
19 décembre : Les républicains reprennent Teruel.

1938:


Situation en novembre 1938
8 janvier : Prise de Teruel par les républicains.
1er février : Franco forme son premier gouvernement.
22 février : Reprise de Teruel par les franquistes.
13 mars : La France rouvre ses frontières au transit d'armes vers la zone républicaine.
17 mars-19 mars : Les Italiens bombardent Barcelone, fief des républicains espagnols.
5 avril : Le ministre socialiste Indalecio Prieto quitte le ministère de la défense sans avoir pu endiguer l'influence communiste et soviétique dans l'armée.
15 avril : Les forces franquistes atteignent la Méditerranée et coupent l'Espagne républicaine en deux.
En juin, la France ferme à nouveau ses frontières avec l'Espagne républicaine.
24 juillet : Dernière grande offensive républicaine sur l'Ebre.
Août : Nouvelle crise politique républicaine: le troisième gouvernement Negrin.
Octobre : Retrait des Brigades Internationales
30 octobre : Contre-offensive franquiste sur l'Ebre.
16 novembre : Les républicains repoussés sur l'autre rive de l'Ebre.
23 décembre : Début de la campagne franquiste en Catalogne.

1939:


15 janvier : La France autorise à nouveau le transit d'armes vers la république espagnole.
26 janvier : Chute de Barcelone, la Catalogne tombe aux mains des troupes franquistes, 450 000 réfugiés espagnols parviennent en France où ils seront internés dans des camps.
5 février : Achèvement de l'occupation de la Catalogne par les franquistes (5-10 février).
27 février : La France et le Royaume-Uni reconnaissent Franco.
28 février : Démission d'Azaña.
5 mars : Putsch intra-républicain du colonel Casado à Madrid (5-10 mars).
6 mars : Fuite du président Negrin et des principaux dirigeants communistes espagnols.
26 mars : Début de la reddition de l'armée républicaine.
26 mars : Avance finale des troupes franquistes : reddition des armées républicaines, chute de Madrid.
31 mars : Les armées nationalistes ont atteint tous leurs objectifs et occupent la totalité du territoire espagnol.
1er avril : Fin de la guerre civile en Espagne.