mercredi 19 décembre 2007



Euskadi Ta Askatasuna,ETA

Nom original: Euskadi Ta Askatasuna,ETA
Pays: Espagne

(Patrie et Liberté) Mouvement nationaliste, puis marxiste, apparu en 1959, avec pour objectif l'indépendance de la région basque espagnole. Selon certaines informations, l'ETA aurait été fondée au Venezuela, sous les instructions de Boris Ponomarev, chef du Département International du Parti Communiste d'URSS. Ses effectifs sont évalués à 100-200 activistes. Elle entretient des liens réguliers avec l'organisation séparatiste basque française Iparretarrak, qui lui fournit un soutien politique et logistique.

Historique
L'ETA est créée par les membres dissidents de deux organisations : l'Euzko Gaztedi Indarra (EGI) émanation du Parti Nationaliste Basque, fondée en 1952, et l'Ekin, un groupe nationaliste fondé en 1953 par un groupe d'étudiants de l'Université de Deusto (Bilbao). Ces deux mouvements cherchent à promouvoir le nationalisme basque.

L'Ekin a pour objectif l'indépendance des provinces espagnoles et françaises du pays basque, qui composent l'Euskadi. Le mouvement se radicalise progressivement et conduit, le 31 juillet 1959, à la création de l'Euskadi Ta Askatasuna (ETA), qui se veut clandestine et révolutionnaire.

Le 28 juin 1960, l'explosion d'une bombe à Amara marque la première manifestation sanglante de l'ETA. Elle est suivie par une série d'attentats à la bombe dans le pays basque espagnol. Sa première opération d'envergure est une tentative de déraillement d'un train transportant des vétérans de la Guerre d'Espagne en 1961. La brutalité de la réponse de la police espagnole force certains responsables du mouvement à s'expatrier.

Afin de gagner en popularité, l'ETA se réfère à la lutte historique du peuple basque pour son indépendance, notamment durant la Guerre Civile espagnole.

En mai 1962, l'ETA tient sa première assemblée, afin de déterminer les axes de la lutte armée. L'ETA se défini alors elle-même comme un " mouvement révolutionnaire basque de libération nationale créé pour la résistance patriotique, socialiste, sans confession et économiquement indépendant. ". Il est décidé de former et entretenir des combattants professionnels. L'Euskadi (la terre à libérer) est divisée en sept provinces (" herrialdes ") : trois en France (Hegoalde) et quatre en Espagne (Iparralde).

Lors de sa troisième assemblée en mai 1964, l'ETA décide que le terrorisme est le meilleur moyen pour atteindre ses objectifs.
La cinquième assemblée se déroule en deux phases, la première en décembre 1966 voit une premier éclatement entre l'ETA-Berri (ETA Nouvelle) et l'ETA-Zarra (ETA Ancienne).

L'ETA Berri prône une révolution prolétarienne qui rassemble les différents peuples " oppressés " de l'Espagne, pour appliquer la dictature du prolétariat. ETA Berri se fondra dans le Mouvement Communiste d'Espagne (MCE) pour devenir le Mouvement Communiste Basque en 1968. L'ETA-Zarra deviendra simplement l' " ETA ".

En mars 1967, la seconde partie de la cinquième assemblée l'ETA est divisée en quatre secteurs, qui doivent faciliter la conduite du mouvement : militaire, politique, économique et culturel.

En septembre 1970, la sixième assemblée de l'ETA V voit à nouveau l'opposition entre les tenants de l'option " militaire " et les " marxistes ", qui prônent la lutte des classes. L'assemblée décide l'exclusion des " militaires " de l'organisation. Ceux-ci, niant le déroulement de la sixième assemblée prennent la désignation d' " ETA Ve Assemblée " ou " ETA V ". L'ETA devient donc l'ETA VI, avec l'objectif de mener la révolution de la classe ouvrière dans un contexte nationaliste.

L'ETA VI se divise à son tour en un groupe majoritaire (" Mayos "), qui rejoint la Ligue Communiste Révolutionnaire en 1973, et minoritaire (" Minos ") qui se fondra dans l'Organisation Révolutionnaire des Ouvriers et le Parti Communiste.

L'ETA V tient la première partie de " sa " sixième assemblée en août 1973, avec pour objectif de délimiter le champ d'action des partisans de la révolution ouvrière et les militaristes. Les " militaristes " commencent à préparer l'attentat du 20 décembre 1973 contre l'Amiral Luis Carrero-Blanco, sans l'avis des " ouvriers ". L'ETA V est alors au sommet de sa popularité.

En 1974, lors de la seconde partie de sa sixième assemblée l'ETA V éclate en deux factions:
l'ETA Militaire (ETA-M), qui prône la lutte armée. L'ETA-M a pour objectif la destruction de l'Etat bourgeois par la lutte armée. Elle se comporte et fonctionne comme une force de résistance en territoire occupé.

l'ETA Politico-Militaire (ETA-PM), dont les objectifs sont plus politiques sans pour autant renoncer à la lutte armée.

L'ETA-PM restera cependant la faction la plus active sur le plan du terrorisme durant quelques années, essentiellement parce qu'elle compte plus grand nombre de militants.
Lors de la septième assemblée de l'ETA V, en septembre 1976, l'ETA-PM décide de séparer la lutte politique de la lutte militaire, et crée son parti politique : le Parti Révolutionnaire de l'Euskadi (PRE). Le PRE doit représenter le mouvement basque aux élections générales de juin 1977.

Avec la mort du général Franco et le passage à la démocratie, le pays basque reçoit en 1979 un statut d'autonomie, lui conférant la liberté de langue, et diverses libertés administratives par rapport à l'Etat central. L'ETA perd ainsi de facto une certaine légitimité. Il en résulte une violente campagne terroriste, destinée, selon la doctrine de Carlos Marighella, à forcer l'Etat à prendre des mesures répressives, qui devraient éveiller le soutien populaire du mouvement.

L'ETA-PM cherche à prendre un chemin politique pour atteindre ses objectifs et, le 24 février 1981, elle déclare un cessez-le feu et se sépare à son tour en deux entités:
ETA-PM VIIe Assemblée, qui renonce à la lutte armée en septembre 1982, décision qui ne se réalisera dans les faits qu'en 1984.
ETA-PM VIIIe Assemblée, dont les membres plus radicaux, se rallient à l'ETA-M pour continuer la lutte armée.

En fait, la fuite en avant de l'ETA traduit un malaise interne dû aux contradictions entre la lutte pour la classe ouvrière et les activités du mouvement (racket, enlèvements, extorsions, et assassinats) qui touchent précisément le peuple dont le mouvement vise la libération. De plus, ces actions deviennent toujours plus impopulaires et le soutien au parti nationaliste Herri Batasuna (HB) s'effrite.

La stratégie du gouvernement espagnol est de s'attaquer aux sources de financements et aux infrastructures de l'organisation. Les entreprises liées aux activités de l'ETA sont fermées, ainsi que le journal " Egin ", favorable au mouvement (juillet 1998).

Ainsi, le 16 septembre 1998, à l'insistance de HB, l'ETA déclare une trêve unilatérale de durée indéfinie. Le 3 novembre, le président Aznar a demandé l'ouverture de pourparlers afin d'obtenir un cessez-le-feu définitif, mais les discussions restent au point mort : le gouvernement est prêt à faire des concessions sur les 530 membres de l'ETA détenus ainsi que sur les membres exilés de l'organisation, tandis que l'ETA place des conditions politiques sur l'autodétermination de l'Euskadi.

En août 1999, l'ETA juge les concessions proposées par le gouvernement encore trop timides. La violence reprend au pays Basque, mais l'ETA maintient sa trêve.
Les effectifs exacts de l'ETA sont inconnus mais on estime le nombre de militants actifs à 200-300 et le nombre de sympathisants à 200 000.
Aide extérieure et contacts
Si le parrainage soviétique de la création de l'ETA est sujet à discussion, le soutien politique de l'URSS au mouvement l'est beaucoup moins. L'ETA a reçu un soutien logistique des pays de l'Est, notamment en ce qui concerne les armes légères et collectives (pistolets, pistolets-mitrailleurs, lance-roquettes, etc.) L'IRA semble également être à l'origine de certaines livraisons d'explosifs (notamment ceux qui ont servi à l'attentat contre Carrero-Blanco, qui auraient été d'origine suisse et auraient transité par l'Irlande).L'ETA s'est spécialisée dans l'attentat à la bombe, et entretient des contacts étroits avec la Provisional Irish Republican Army dans ce domaine. Mais elle pratique également le hold-up et l'enlèvement contre rançon pour financer ses activités.
L'entraînement du personnel de l'ETA s'est effectué en Libye, à Cuba (depuis 1963), en Algérie, au Liban, au Sud-Yémen, notamment par des instructeurs de l'OLP. Il semble également que certains membres de l'ETA aient été entraînés au Nicaragua, qui a également fourni au mouvement de faux passeports et d'autres documents. La coordination des activités de l'ETA en Espagne et à l'étranger aurait été supervisée par la Direccion General de Inteligencia (DGI) cubaine. L'ETA aurait également envoyé des commandos au Costa Rica et au Salvador, afin de participer aux combats. L'ETA a également participé à la formation de terroristes de la Rote Armee Fraktion et de Prima Linea, depuis 1972.
Les activités de l'ETA ne se limitent pas à la lutte nationaliste, mais comprennent également un combat actif contre l'OTAN. Ainsi, le 13 avril 1985, l'ETA a revendiqué la responsabilité de l'attentat contre un restaurant près de la base aérienne américaine de Torrejon (17 morts et en 82 blessés).

L'ETA a fréquemment utilisé la France comme sanctuaire, pour ses membres ou pour entreposer des armes.
En 1984, on estimait à plus de 500 le nombre d'activistes installés en France . Elle a largement profité de la " faible combativité " du gouvernement socialiste français à l'égard du terrorisme. La collaboration anti-terroriste entre la France et l'Espagne s'est cependant améliorée. Au début des années 80, le gouvernement de Felipe Gonzalez met sur pied le Groupe Antiterroriste de Libération (GAL) - composé de policiers espagnols, qui se rendra responsable de l'élimination de 27 membres de l'ETA en France et en Espagne.
Financement et soutien
En 1984, le trésor de guerre de l'ETA était évalué à quelque 200 millions de dollars par an, provenant en partie d'attaques de banques (quelque 3 attaques par jour, en moyenne, à cette époque) et de fonds privés - contraints ou non -, qui représentaient la majeur partie du financement de l'ETA.

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